Crescendo by Fitzpatrick Becca

Auteur:Fitzpatrick, Becca [Fitzpatrick, Becca]
La langue: eng
Format: epub
Tags: Science Fiction, Jeunesse, Saga des anges déchus
Éditeur: MSK
Publié: 2011-06-27T00:03:49+00:00

13.

Vee me déposa devant le café Enzo au début de l'après-midi suivant. Afin de paraître présentable sans être trop stricte, j'avais choisi une robe d'été jaune à imprimé fleuri, espérant qu'elle inspirerait l'optimisme qui me faisait défaut. Face à la vitrine, je secouai ma chevelure domptée à la hâte d'un geste rigide. J'esquissai une dernière fois mon plus beau sourire, que j'avais répété toute la matinée. Le coin de mes lèvres demeura figé. Le reflet de la vitre me renvoyait une image factice et crispée. Mais après une nuit blanche, difficile de faire mieux.

Après être rentrée chez moi à pied, je m'étais recroquevillée dans mon lit, incapable de fermer l'œil. J'avais passé la nuit à ruminer des idées de plus en plus noires. Je devais faire un coup d'éclat et, dans mon état, rien ne semblait trop radical. J'avais alors songé au pire - quelque chose qui ne m'aurait jamais traversé l'esprit auparavant. Si je mettais fin à mes jours, les archanges ne pourraient l'ignorer. Je voulais les pousser au remords, les obliger à douter de leurs lois archaïques. Je voulais les rendre responsables d'avoir réduit ma vie en lambeaux, avant de me l'avoir ôtée complètement.

Un sentiment de déchirement, de refus, de colère m'avait tenue éveillée jusqu'à l'aube. J'en étais presque venue à regretter de ne pas avoir fui avec Patch. Un bonheur, même de courte durée, valait peut-être mieux q se réveiller chaque jour en sachant que nous ne serionl jamais réunis.

Mais alors que le soleil commençait à poindre, je prii une décision. Il fallait que je passe à autre chose, quel qu'en soit le prix. Voilà pourquoi, ce matin-là, je m'étais obligée à me lever, à prendre une douche, à m'habille puis à me rendre au lycée, avec une détermination que personne n'aurait pu soupçonner. J'étais anéantie, déchi rée par le chagrin, mais je refusais de laisser paraître le moindre signe d'apitoiement. Les archanges ne l'emporteraient pas si facilement. J'allais me remettre, trouver du travail, payer cette amende, terminer mes cours d'été avec la meilleure note de la classe et occuper si pleinement mes journées qu'il ne me resterait que les soirées, seule dans ma chambre, pour penser à Patch.

J'entrai chez Enzo. Deux balcons semi-circulaires encadraient la salle principale desservie par quelques marches. Je les descendis avec l'impression d'enter dans une arène. Les balcons étaient pleins, mais la fosse était vide à l'exception de quelques clients qui lisaient leur journal en buvant leur café. Je pris une grande inspiration et m'approchai du comptoir.

— Excusez-moi, dis-je à la personne derrière la caisse. J'ai cru comprendre que vous cherchiez des serveuses pour le bar ?

J'avais parlé d'une voix monocorde, que j'étais incapable de contrôler. Une femme rousse d'âge mûr, « Roberta » (d'après le badge sur sa blouse), leva les yeux vers moi.

— J'aimerais déposer ma candidature, repris-je avec un sourire, qui, je le craignais, n'avait rien de convaincant.

Roberta essuya ses mains criblées de taches de rous-•cur sur un torchon.

- Pour le bar ? Plus maintenant !

Tous mes espoirs s'évanouissaient. Je m'étais accrochée à ce plan comme à une bouée, sans même réfléchir .

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